Ségolène : le pari de l'inconstance

La Ségolène Royal des premières heures était un peu inconsciente : inconsciente des enjeux d’une présidentielle, inconsciente de la difficulté de s’imposer sans grande expérience ministérielle.

La deuxième Ségolène Royal fut inconsistante : programme inexistant, approximations inquiétantes sur les grands problèmes internationaux, flou artistique sur tous les sujets pouvant fâcher, de la fiscalité aux 35 heures ou aux retraites.

Après la Ségolène inconsciente, après la Ségolène inconsistante, nous avons aujourd’hui la Ségolène inconstante, celle qui dit :

• Un jour, je dénonce le profit rapace et arrogant, le lendemain, j’affirme aux patrons qu’il n’y a pas de honte à dégager des bénéfices

• Un jour, je laisse dire qu’il faut taxer les personnes gagnant plus de 4 000 euros, le lendemain, je n’aime plus les chiffres couperet

• Un jour, j’affirme que le projet socialiste est mon crédo, le lendemain, je le trouve ringard
• Un jour, je veux réduire la dette, le lendemain, je prévois 100 propositions qui creuseraient le déficit à 4 % du PIB
• Un jour, je veux préserver les institutions de la Ve République, le lendemain, je m’en f’rais bien une petite VIe
• Un jour, je ne daigne même pas assister pas aux séances du Parlement sur la loi contre les violences faites aux femmes, le lendemain, je prétends que le sujet est en fait tellement crucial pour moi que ma première loi sera sur ce sujet
• Un jour, je dis vouloir éviter que l’avenir de notre système de retraite passe par l’instauration de fonds de pension privés, le lendemain, je veux remettre en cause la loi Fillon qui préserve le système par répartition
• Un jour, je veux lutter contre le chômage, le lendemain, je propose le programme économique qui détruit le plus d’emplois, selon l’étude du Rexecode
• Un jour, j’aime les éléphants, le lendemain, j’ai la phobie des pachydermes
• Un jour, je veux aborder la question de la TVA sociale " sans tabou ", le lendemain, je trouve d’un coup que c’est très mal de vouloir moins taxer le travail

Quel tourbillon ! Quel renouveau permanent ! Un vent de fraîcheur souffle chaque jour sur cette campagne ainsi ponctuée d’incessants rebondissements ! Mais disons les choses clairement : attendons-nous vraiment de notre Président de la République qu’il nous fasse tant tourner la tête ?