Les propositions fleurissent avant même que le printemps n'arrive. On a pourtant l'impression que les sondages ne sont font pas sur le fond des programmes : Ségolène Royal était plus populaire avant d'avoir énoncé une seule de ses 100 propositions, François Bayrou a fait sa montée dans les sondages 15 jours avant de livrer son programme.
Il est pourtant capital de savoir ce que nous réservent les programmes. Le Président sera amené à fixer un cap qui sera suivi par le gouvernement si le Président parvient à s'assurer une majorité au Parlement (ce qui pose question concernant François Bayrou). Qu'en est-il ?
Les Français indiquent que leur principale préoccupation reste le chômage, devant le pouvoir d'achat et l'insécurité. Un institut d'économie, l'Institut Rexecode, vient de passer à la moulinette les programmes des 3 grands candidats, pour calculer les conséquences en terme d'emplois de leurs propositions.
Résultat : un seul candidat ferait baisser le chômage : Nicolas Sarkozy
L'étude du COE-Rexecode a regardé l'effet de la détaxation des heures supplémentaires proposé par Nicolas Sarkozy. En incitant les salariés à travailler plus et les entreprises à les laisser poursuivre plus longtemps leur activité, l'économie bénéficie d'un surcroît de production de richesses, donc de pouvoir d'achat qui alimente la croissance et l'emploi. L'effet calculé par l'Institut est compris entre 160 000 à 200 000 nouveaux emplois créés.
Bayrou et Royal détruisent de l'emploi.
François Bayrou a décidé de copier une de ses propositions sur Nicolas Sarkozy : il propose aussi un système de détaxation des heures supplémentaires, jugé efficace par l'Institut, quoique moins que celui de Nicolas Sarkozy. Cette mesure apporterait 80 000 emplois. Le seul problème, c'est que la mesure est financée par un système de suppression de dispositifs d'aide à l'emploi par les allègements de charges. François Bayrou veut supprimer 9 milliards d'allègements de charges qui viennent aider les entreprises à supporter le coût des 35 heures et embaucher des salariés peu productifs.
Revenir sur ces allègements permet à M. Bayrou de mettre en avant un projet facilement financé, sans demander, à l'inverse de Nicolas Sarkozy, aucun effort (comme le retour des effectifs de la fonction publique à leur niveau de 1992 par le non renouvellement d'un fonctionnaire sur deux ou les efforts demandés aux bénéficiaires des régimes spéciaux de retraite). Non, M. Bayrou a trouvé la mesure qui rapporte et semble ne demander aucun effort. Seul problème, il intéresse avec cette disposition les entreprises à mal payer leurs salariés pour continuer à bénéficier des aides qui disparaitraient au dela de 1,3Smic, à ne pas se développer car elles seraient réservées aux seules petites entreprises.
L'Institut a calculé que cette seule mesure ferait disparaitre 200 000 à 250 000 emplois en France. Le bilan global du programme économique de M. Bayrou devient ainsi négatif : l'avenir que propose M. Bayrou, c'est plus de chômage. Belle France d'après !
Ségolène Royal a quant à elle tout faux :
La hausse du smic à 1 500 € d’ici la fin de la législature est défavorable à l’emploi. Une hausse du salaire minimum plus rapide que celle du salaire moyen (d’environ 5 points sur la législature) entraînerait une augmentation des coûts de production qui pèserait sur la compétitivité. Cela pourrait conduire à la suppression d’environ 50 000 emplois.
La suppression du CNE pourrait supprimer environ 30 000 emplois.
La mesure de créations d’« emplois tremplins » est une nouvelle forme d’emploi aidé. Si à court terme elle conduirait à des embauches rapides (proportionnelles à l’argent public injecté), la viabilité de ces postes à moyen terme est incertaine. Surtout, le financement de la mesure conduirait à terme à une augmentation des prélèvements obligatoires qui aurait des effets néfastes sur la croissance et sur l’emploi. L'Institut calcule qu'aucune mesure de Ségolène Royal ne crée de l'emploi à long terme et que la candidate, si elle était en mesure de mettre en oeuvre son programme économique, mettrait 150 000 personnes au chômage.
Nous pensons qu'il faut réhabiliter le travail en France, cesser de croire que les 35 heures créent de l'emploi et que la flexibilité se fait au détriment des saalriés. Au contraire, nous pensons qu'une société qui travaille plus est une société qui se donne les moyens d'être plus dynamique et plus généreuse, une société qui crée plus de croissance et d'emplois.
Le travail de chiffrage du COE-Rexecode vient étayer ce diagnostic : l'avenir de notre économie se trouve chez Nicolas Sarkozy.
Pardon de venir nuancer vos vérités toutes établies mais je vous livre juste la conclusion d'un article du monde qui est très intéressante :
"Intéressante car elle met en lumière les effets contradictoires des mesures proposées, l'étude de COE-Rexecode aurait, toutefois, plus de force, si l'institut, dans son chiffrage du programme de M. Sarkozy, n'avait pas omis de tenir compte de la baisse de 4 points de prélèvements obligatoires préconisée par le candidat UMP. Une omission fâcheuse, qui donne l'impression que Coe-Rexecode a choisi de voter, Sarkozy."
Les liens entre Sarkozy et le patronnat sont bien connus. Le fait que le COE - Rexcode soit un institut patronnal nuance dès lors fortement vos alléguations.
Rédigé par : Observateur | 17 mars 2007 à 18:48
Disons que l'Institut a le mérite de montrer que même parmi les candidats de droite (quoiqu'on ne sait plus trop où est Bayrou tellement votre candidate lui laisse de place) les programmes économiques ne se valent pas.
Cependant, que l'un des plus brillants économistes Français, Olivier Blanchard, électeur de gauche depuis toujours, dise la même chose que le COE -Rexecode (à savoir que travailler plus est la seule voie raisonnable économiquement pour la France) va peut-être plus te convaincre ?
Quand à la baisse des PO, les économistes retiennent une fourchette de multiplicateur keynésien comprise entre 0,8 et 1,2. En haut de la fourchette, une baisse de la dépense publique détruit de l'emploi, en bas de cette fourchette, elle en crée. La magie keynésienne du "je dépense donc le pays s'enrichit" est sérieusement remise en cause. Par ailleurs, le candidat a déjà indiqué les 15 premiers milliards de suppressions d'impôts qu'il entendait faire (déductibilité des intérêts d'emprunt, franchise de droits de successions pour 90 % des familles, exonérations des heures supp, bouclier fiscal...) et c'est bien une partie de ces mesures, celles relatives à l'emploi, qui sont évaluée par cette étude, quoiqu'en dise le monde.
De plus, il a toujours indiqué que la baisse de 4 points de PO ne pourrait se faire que sur 10 ans (bien que la Suède que chérit votre patronne ait baissé de 3,9 points en deux ans). Voila qui nuance les propos du Monde, mais "les liens entre Le Monde et la gauche sont bien connus".
Rédigé par : Pop02 | 18 mars 2007 à 18:38
Tu sais moi je lis Le Monde depuis très longtemps et depuis quelques années j'ai l'impression au contraire que ce journal a sombré dans le sarkozysme. Ca se voit dans les titres notamment.
Alors le fait qu'un article du monde chatouille un peu le M.Sarkozy dans sa science infuse, ça me fait dire que cette analyse de la COE-Rexcode doit être vraiment bien médiocre...
Une analyse qui dit "Seul Sarkozy a la solution économique" pour la France, alors que cette recette miracle n'existe nulle part ailleurs au monde, soit c'est une mauvaise analyse, soit c'est du fouttage de gueule, comme les chiffres du chômage.
Je pense de manière générale que tous les candidats devraient faire preuve d'un peu d'autocritique et ne pas sombrer dans la surenchère des promesses: à ce petit jeu, Sarkozy est largement en tête mais Royal et Bayrou ne font guère mieux.
Un peu triste.
Rédigé par : Observateur | 18 mars 2007 à 19:07
Aucune recette "miracle" n'existe peut-être mais la quasi totalité des autres pays de l'OCDE parviennent quand même à travailler plus que nous et à avoir un chômage largement inférieur au notre.
A l'heure où le chômage est la principale préoccupation des Français, cela devrait t'interpeler un minimum...
Rédigé par : Pop02 | 18 mars 2007 à 19:30