Pop'N, le Blog des Jeunes Populaires de l'Aisne: Le projet EFEL de Jean-Louis Borloo

Jean-Louis Borloo voit les français perdre leurs illusions quant à la possibilité de maîtriser leur destin mais a acquis la certitude, au vu de son bilan à Valenciennes et au ministère de la Cohésion sociale, que l’action publique peut être efficace.

Il identifie 4 domaines ou piliers - Emploi, Formation, Equité et Logement (EFEL) – où la France a décroché depuis 30 ans mais qui sont fondamentaux pour l’avenir.

Borloo préconise une nouvelle méthode, les programmes d’intérêt national. L’action publique repose aujourd’hui outre l’Etat sur de multiples acteurs qui doivent travailler en partenariat au sein d’Agences à l’image de l’ANRU et non plus en ordre dispersé. L’Etat doit fixer les objectifs, coordonner, réguler, évaluer, mais laisser la conduite opérationnelle aux agences, comme il l’a fait avec la rénovation urbaine.

E : Plan d’action pour l’emploi

Par les cinq programmes d’intérêt national qui suivent, Jean-Louis Borloo veut poursuivre la réduction du nombre de chômeurs que son plan de cohésion national a amorcé, avec un objectif de 5-6 %.

Ne plus être les champions de la taxe sur l’emploi

- L’essentiel de notre sécurité sociale est financé par les salaires, ce qui nous handicape ; l’auteur veut transférer 20% des taxes sur la travail vers d’autres assiettes comme la CSG, la TVA ou l’IS. Dans un premier temps, on pourra réserver cet allègement de 20 % aux PME, qui arrivent moins à profiter des niches sociales que les grandes firmes. On peut aussi alléger les CDD transformés en CDI ou les temps partiels convertis en temps pleins. Borloo propose des cotisations très réduites pour les trois premières années des emplois créés dans les TPE. Il chiffre ces mesures à 18 milliards.

Mieux gérer nos ressources humaines

- Nous avons longtemps pensé que le chômage était une pause accidentelle qu’il fallait indemniser en attendant qu’un demandeur de travail vienne rembaucher l’offreur disponible. Il est temps de reconnaître que l’offre de travail ne correspond pas forcément à une demande et qu’il ne faut pas seulement indemniser mais aussi accompagner, voire reconvertir pour répondre aux crises du recrutement.

- La sécurisation des parcours, qui consiste à dédramatiser les périodes de non-emploi, est déjà expérimentée avec le Contrat de Transition Professionnelle dont il faudra tirer les leçons.

- Aujourd’hui, c’est cette approche globale du chômeur qu’il faut assurer avec des guichets uniques. A terme, une Agence d’accès à l’emploi devra regrouper les partenaires des politiques de suivi, formation, accompagnement et financement et définir un référent unique pour le suivi de chaque chômeur.

Simplifier et favoriser le retour à l’emploi de ceux qui en sont le plus éloignés

- Si les filets de sécurité ont été des avancées sociales, ils sont trop nombreux, pas assez coordonnés et piègent les allocataires qui ne peuvent en sortir. L’Agence d’accès à l’emploi devra mutualiser les dispositifs et financements et proposer un contrat unique d’insertion sur la base du contrat d’avenir à un million d’allocataire, prévoyant 30 h d’emploi - formation par semaine.

Des contrats de progrès pour chaque secteur d’activité

- A l’exemple du contrat de progrès pour les services à la personne, qui avait cherché à identifier et à lever les blocages au développement de cette filière, chaque secteur pourrit faire l’objet de contrats de progrès.

Une stratégie d’offensive économique

- Il faut recréer un espace de réflexion public/privé pour raisonner global et repasser à l’offensive. Face aux défis de la cohésion sociale, de l’émergence de nouvelles puissances économiques, d’une démographie au mieux stagnante et de la préservation de notre environnement, nous devons mener une révolution économique, une économie du quaternaire qui s’appuiera sur les NTIC pour intégrer produits et services.

- Par ailleurs, les PME souffrent en France d’une sous-capitalisation à laquelle il faut remédier par un Small Business Act à la française et des voies privilégiées d’accès aux financements.

F : Plan d’action pour la formation

Tout en soulignant les progrès et les atouts de notre système éducatifs, JL Borloo en montre les lacunes (entre 150 et 190 000 jeunes non qualifiés par an, 100 000 déclassés de l’université). Il estime que l’on n’a pas assez fait le lien entre qualification et emploi, et que les structures sont trop nombreuses pour être efficientes.

- Il pose cet objectif de 100 % de qualifiés, qui passera par l’instauration là encore d’une agence, l’Agence nationale des formations, qui regroupera l’ensemble des acteurs de la qualification et financeurs. Il veut élargir certaines voies de formation (grandes écoles, formation professionnelle) et multiplier les passerelles entre filières.

- En second lieu, il propose une école gratuite des savoirs fondamentaux pour rattraper les retards que peuvent avoir plusieurs millions de personnes dans notre pays en matière de lecture, écriture, calcul, maîtrise d’Internet ou d’une langue étrangère, dans les locaux des écoles en dehors des périodes et horaires scolaires.

E : Plan d’action pour l’équité

Pour lui, l’avenir du modèle républicain se joue là. Il faut mettre un terme à la triple ségrégation urbaine, ethnique et socio-économique qui met en danger notre République par la rage des jeunes qui en sont les premières victimes. Si le programme de rénovation urbaine devrait permettre de combattre la ségrégation urbaine, il faut lui adjoindre un plan massif de justice sociale territoriale au travers de 6 programmes nationaux.

Mettre fin à l’inégalité entre les collectivités pauvres et les autres

- Les impôts locaux ont cet effet pervers absurde d’offrir moins de ressources aux territoires les plus en difficulté. Les transferts entre collectivités doivent tripler.

Reconnaître tous les talents

- Cela passe par la diversification de nos filières de recrutement. Il propose aux grandes écoles un taux d’élèves recrutés de manière alternative et l’institution d’une Ecole nationale supérieure, ouverte dans un premier temps à ces seuls élèves, qui alimenterait l’administration en fonctionnaires de catégorie A issus de ces quartiers.

Un soutien plus affiché aux associations

- la péréquation évoquée précédemment devrait permettre d’aider plus les associations. Dès 2008, une avance pourrait être faite pour donner une plus grande visibilité à l’action.

Un coup de rein exceptionnel en matière d’emploi

- Pour marquer immédiatement la volonté du gouvernement d’améliorer le sort de ces territoires, il propose un plan Marshall de 250 000 contrats de professionnalisation pour ces jeunes sur trois ans.

- Il fixe un objectif de 3 % des effectifs des entreprises issus de ces zones.

L’école et le quartier : la mise en réseau des moyens

- Les élèves décrochent souvent pour des raisons extérieures à l’école. Il faut offrir aux écoles les moyens d’y répondre, tant par un budget accru que par la possibilité de développer des projets d’établissement autonomes et, lorsque le soutien individuel renforcé ne peut plus suffire, proposer des structures scolaires et éducatives renforcées, si besoin en internat.

Un programme d’aide à la parentalité

- A titre expérimental pendant trois ans, l’auteur propose un contrat aux parents allocataires de l’API ou du RMI, rémunéré au Smic et qui prévoit des engagements envers l’acole, la Caf, la ville…

L : Plan d’action pour le logement

La crise du logement a eu des conséquences directes et indirectes multiples : crise du pouvoir d’achat par la flambée des loyers, de l’éducation, des finances publiques, de l’emploi… Or, les instruments existent et peuvent retrouver leur efficacité si on sait les coordonner, comme l’auteur a pu le faire pour les logements sociaux.

- Pour poursuivre ce qu’il a entrepris, il propose de créer l’Office national pour l’habitat, qui regroupera tous les acteurs du logement et sera par exemple chargé de diffuser la récente GRL (Garantie des Risques Locatifs) qui devrait permettre de remettre dans le parc à louer les logements vacants. Il lui assignerait de nombreux autres objectifs, comme développer l’accession sociale à la propriété, baisser le coût des charges, poursuivre la rattrapage dans la construction…