Le Figaro, 03/03/07
Le ministre de l'Éducation de Lionel Jospin estime que son ancien ministre délégué a plus d'"idées pratiques" que de "pensée politique".
ENTRE Claude Allègre, le ministre « grande gueule », et Ségolène Royal, son ministre délégué à l'Enseignement scolaire, la cohabitation fut plus que difficile. Quelques années plus tard, Claude Allègre profite d'un livre * pour régler ses comptes avec la candidate du PS. Et il y va fort. « C'est moi, dit-il, qu'il l'ait fait venir à mes côtés » : parce que c'était une femme, parce que c'était la compagne de son ami François Hollande et « qu'elle s'était bien débrouillée à l'Environnement ». Mais passée une période où il l'a « laissée faire à sa guise », les ennuis, dit-il, ont commencé : « J'ai été convoqué par le premier ministre et par DSK pour reprendre les choses en main. » Du coup, les relations se sont tendues entre les deux ministres et sont devenues « exécrables » entre Royal et le cabinet d'Allègre. « Plusieurs membres de son équipe ont déclaré forfait », affirme-t-il.
L'ambition ? « Son moteur »
À l'époque, Claude Allègre avait la réputation d'avoir une forme de mépris un brin machiste pour Royal. Mais il s'en défend aujourd'hui : « Je n'ai pas mesuré l'hypertrophie formidable de l'ego de cette femme ! J'étais absorbé par ma tâche. J'imagine qu'elle devait se sentir humiliée d'être considérée comme une adjointe », écrit-il. Loin d'être « absorbée » par sa tâche, Royal est décrite comme une femme dévorée d'ambition - « son moteur principal dans la vie » -, s'octroyant au ministère « les sujets de société pouvant contribuer à nourrir une image proche des gens ». Il est vrai qu'alors, tandis que Claude Allègre fustigeait l'absentéisme des enseignants et faisait face à des manifestations, Ségolène Royal portait les dossiers de la lutte contre la pédophilie ou de la pilule à l'école.
Son caractère y est aussi brocardé. Elle est jugée « hautaine et distante ». « Son seul centre d'intérêt était la politique, les médias et ce que l'on y disait d'elle », jure Claude Allègre. « Elle n'a pas de pensée politique construite, mais des idées pratiques et des solutions aux petits problèmes des gens », lance-t-il. Dotée d'une « détermination de fer que n'altère jamais le doute », elle peut, regrette visiblement Claude Allègre, « fort bien réussir ». Aujourd'hui retiré du jeu politique, mais toujours très proche de Lionel Jospin, celui qui se définit lui-même comme étant « de tradition républicaine et socialiste » l'affirme : son « sentiment dominant est l'inquiétude ».
* L'école, col. 10 +1 questions, 120 pages, Michalon, 10 euros.
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